Histoire

L’histoire des lapidaires

En quelques mots, le lapidaire scie, taille et polit les pierres précieuses et semi-précieuses pour révéler leur éclat et exposer toutes leurs couleurs. Il est un acteur essentiel du monde de la bijouterie-joaillerie.

La taille des pierres précieuses et pierres fines apparait à Genève au XIIIe siècle. Mais ce n’est qu’au XVIe siècle, lorsque les horlogers catholiques fuient la persécution protestante à Genève et viennent s’installer dans le Jura, que l’industrie lapidaire se développe en France pour la taille des rubis des montres (contre-pivots) et plus tard, pour les pierres fines de la joaillerie. La taille des pierres se faisait principalement l’hiver, l’activité extérieure étant réduite. Au XVIIIe siècle, les tailleries du Jura commencent à exporter leurs produits vers Paris et les premiers brillants à 32 facettes apparaissent. Certains villages vivaient principalement de la taille de pierres précieuses : c’est le cas de Septmoncel, Les Molunes, Lajoux, Lamoura…. Entre Paris et la région jurassienne, apparaissent alors les premiers strass et minéraux de synthèse, les doublés et les triplets. La méthode de taille évolue elle aussi et l’étui mécanique peut prendre diverses formes. Il peut tailler une pierre, puis 2, puis 4. Enfin, le porte pierres peut maintenir 100 pierres à la fois. Des procédés apparaissent alors pour tailler les 32 faces d’un brillant en une seule fois.

«Après avoir soigné les animaux et trait, le couple de paysans taillait et polissait pour le compte des ateliers de la ville ou du village. L’homme actionnait sa meule en cuivre de la main gauche par une manivelle située sur la moitié gauche de l’établi rustique et solide à 4 pieds ; de la main droite il présentait sur la meule un porte pierre et par frottages successifs taillait la pierre facette après facette. Sa femme, en face de lui, polissait les pierres sur meule plus douce en bronze enduite d’une poudre abrasive : le tripoli.  
Saint-Louis ayant approuvé les statuts de la Corporation des compagnons orfèvres, cristalliers ou pierriers (plus tard appelés lapidaires) est devenu naturellement le patron de cette corporation. Les lapidaires avaient leur propre fête le 1 er dimanche d’août (Saint-Etienne).»

LE HAUT-JURA OUBLIE, Daniel CHAMBRE (1998)

On estime qu’il y avait entre 1 000 et 10 000 lapidaires selon les périodes, entre le XVIIIe et le début du XXe siècle dans le Jura et plus particulièrement dans le Haut Jura. Aujourd’hui, il ne subsiste que quelques dizaines, voire une centaine de lapidaires professionnels en France. En comparaison, la Thaïlande compte à elle seule plusieurs dizaines de milliers de lapidaires, la taille est également très présente en Inde et en Amérique du Sud (Brésil et Colombie majoritairement).